Bienvenue à la Mise à jour sur l’HS, une nouvelle initiative de la Fondation canadienne de l’hidradénite suppurée (HS). L’an dernier, nous avons entrepris l’élaboration de notre futur plan stratégique. Grâce à ce processus épuisant, mais extrêmement réfléchi, nous avons défini notre mission première, soit « Aider les dermatologues canadiens à mieux gérer l’HS ».
Nous avons déjà entrepris des activités éducatives traditionnelles sous la forme du Symposium annuel sur les progrès en matière d’hidradénite suppurée et du symposium de surspécialité sur l’HS tenu dans le cadre du Congrès annuel de l’Association canadienne de dermatologie. Ces événements offrent aux participants d’excellentes possibilités de formation interactive de grande qualité. Néanmoins, la portée de ces événements est limitée au nombre relativement restreint de participants. De nos jours, les plateformes en ligne sont des éléments essentiels de tout plan d’éducation médicale efficace. La nouvelle Mise à jour sur l’HS fournira des renseignements à jour et facilement accessibles tout au long de l’année. Chaque numéro présentera l’essentiel des nouveaux développements importants dans le domaine, des conseils cliniques et des commentaires sur les recherches récemment publiées.
J’espère que vous aimerez la Mise à jour sur l’HS. Nous vous invitons à nous faire part de vos commentaires et de vos suggestions pour les prochains numéros.
Raed Alhusayen MBBS MSc(Clin/Epi) FRCPC
Présidente, Fondation canadienne de l’hidradénite suppurée
Elizabeth O’Brien, MD FRCPC
Professeure agrégée, Dermatologie
Université McGill
Lancée en 2017, la clinique d’hidradénite suppurée de l’Hôpital général de Montréal visait à répondre au nombre croissant de patients atteints d’HS référés à la clinique d’immunodermatologie, augmentation qui a révélé qu’une clinique spécialisée améliorerait la prise en charge globale des patients atteints d’HS. La clinique vise à fournir aux patients des soins optimaux basés sur une convergence du diagnostic, de la détermination du stade et de la prise en charge, à donner aux médecins résidents et aux étudiants une formation sur l’HS tout en réunissant et documentant de l’information pour des recherches futures.
Le contexte de la clinique universitaire présente certains avantages que des cabinets privés pourraient avoir de la difficulté à offrir sur les plans du personnel de soutien, de l’aménagement matériel et de la documentation. Le personnel de la clinique inclut un dermatologue, des médecins résidents en dermatologie, en médecine familiale et dans d’autres spécialités de la médecine, ainsi que des étudiants en médecine en stage au choix, la secrétaire de la clinique, l’infirmière clinicienne en dermatologie qui a de l’expérience du traitement des plaies et une préposée aux bénéficiaires. Même si la clinique n’est pas multidisciplinaire, elle demeure en contact rapproché avec celle de la chirurgie plastique pour des références croisées. Si les chirurgiens voient des patients à l’urgence, ils les réfèrent directement à notre clinique pour la prise en charge médicale.
Les nouveaux patients obtiennent un rendez-vous d’une heure. Tous les patients reçoivent les formulaires suivants à remplir dans la salle d’attente : antécédents, qualité de vie en dermatologie (BLQI), échelle visuelle analogique de la douleur (VAS). Les scores sont consignés dans une case en surbrillance dans le dossier afin que l’on puisse les extraire facilement pour étude. On peut ajouter d’autres questionnaires pour des projets de recherche en particulier. Les patients reçoivent des documents d’information au sujet de l’HS, ainsi que les coordonnées de groupes d’entraide de patients atteints d’HS. Étant donné les besoins particuliers des patients atteints d’HS, que les écoulements et les odeurs embarrassent souvent, d’épais tampons étanches sont déposés sur les tables des salles d’examen et un déodorant est placé à un endroit discret dans chaque salle. Les patients sont vus d’abord par l’infirmière, qui évalue les plaies, consigne les zones atteintes et l’étendue de l’atteinte et demande au patient de préciser les préoccupations que celui ci souhaite aborder. L’infirmière prend des photographies qui sont versées au dossier du patient pour la documentation et le suivi.
Le dermatologue et les médecins résidents passent en revue les antécédents du patient avec celui ci et examinent les zones atteintes, comptant les lésions. On utilise actuellement trois systèmes d’évaluation : Hurley, PGA et iHS4. Les patients aux stades 1 et 2 de l’échelle de Hurley sont soumis à une échographie qui vise à garantir l’exactitude de la détermination du stade et aide à procéder à l’évaluation préchirurgicale.
La thérapie, les mesures générales, les traitements topiques, intralésionnels, systémiques et chirurgicaux sont basés sur la situation de chaque patient en particulier. On offre aux patients qui ont des lésions très enflammées une injection intralésionnelle de 5 à 10 mg/ml de triamcinolone (dose maximale de 20 mg par mois). Ils peuvent en outre se présenter pour des injections intralésionnelles au cours des cliniques sur l’HS. On procède à de petites excisions et à la fenestration après une préévaluation échographique précédée de l’administration d’un anesthésique topique suivie de l’administration de xylocaïne et d’épinéphrine. On applique une solution de Monsel pour assurer l’hémostase, de la vaseline et un pansement sec. Les patients sont référés à leur clinique de santé communautaire pour un changement quotidien de pansement s’ils ne se sentent pas à l’aise de le faire eux-mêmes. Dans le cas des excisions plus étendues, les patients sont référés à la clinique de chirurgie plastique.
Les patients ont répondu de façon extrêmement positive à cette clinique spécialisée, qui offre d’abondantes occasions d’enseignement et de recherche sur l’HS.
Dre Tracey Brown-Maher, MD FRCPC
L’hidradénite suppurée (HS) est difficile à traiter dans la communauté, mais le traitement peut être enrichissant. Cette maladie auparavant « orpheline » a laissé beaucoup de patients sans diagnostic, traitement ou qualité de vie satisfaisante. J’ai entendu des patients dire « Vous êtes le premier médecin à poser un diagnostic ou à m’offrir un traitement » ou « C’est le plus que j’en ai appris sur ce que j’ai depuis des années ».
Il faut plus de temps pour interviewer et évaluer les patients atteints d’HS. Ils sont souvent désespérés et frustrés, car ils ont déjà été déçus. Ils peuvent être apathiques. Il faut prévoir suffisamment de temps pour procéder à une consultation appropriée. J’essaie d’organiser une « clinique systémique » tous les mois ou aux deux mois et de réserver un après-midi pour tous les nouveaux patients atteints d’HS. Je prévois des suivis « plus légers » pendant la même période afin de ne pas avoir à me précipiter. Le fait de recevoir de tels patients de façon répétitive en clinique crée un « rythme » qui permet de prendre des antécédents et de procéder à un examen physique approfondis. J’essaie d’utiliser un « aide-mémoire » pour indiquer les zones atteintes sur un schéma. J’ai aussi une infirmière auxiliaire qui m’aide au cours de la clinique.
J’essaie de demander à tous les patients atteints d’HS comment ils se sentent. La dépression constitue une importante comorbidité associée à l’HS. Il peut être difficile pour certains médecins d’aborder la question. Je commence souvent par dire « tout problème chronique peut être une cause de stress et d’anxiété ou avoir un effet sur l’humeur… avez-vous déjà ressenti cet effet ». Beaucoup de patients admettront que c’est le cas et ils sont prêts à en discuter. Je leur pose aussi des questions au sujet des médicaments et si je constate qu’ils prennent des médicaments pour traiter des problèmes d’humeur ou d’anxiété, je reconnais qu’il y a un lien entre leur problème et l’HS. Une telle manifestation d’intérêt permet d’instaurer la confiance.
Je ne parle jamais de poids au cours de la première visite. Si un patient aborde le lien entre l’obésité et l’HS, je lui réponds que je vois des patients minces et obèses qui ont ce problème. Il se peut que la perte de poids aide ou non. Elle peut aider à traiter d’autres comorbidités. Je reconnais qu’il n’est pas facile de perdre du poids. Si j’évite de les blâmer ou de leur faire honte, les patients sont plus disposés à discuter de façons de perdre du poids. J’encourage toujours mes patients à perdre du poids et je les félicite lorsqu’ils réussissent à le faire. L’abandon du tabac est aussi une question délicate. Je leur parle de tabagisme et je leur précise qu’il peut précipiter la maladie ou l’aggraver. Je leur conseille de demander aux membres de leur famille d’éviter de fumer pour cette raison. Lorsqu’un patient est prêt à cesser de fumer, il demande de l’aide.
Je rassure les patients atteints d’HS en leur disant que la maladie n’est pas causée par le fait qu’ils sont « sales ». Il s’agit d’une inflammation chronique liée à d’autres maladies chroniques que nous voyons régulièrement. Je leur dis que le problème est assez répandu. Beaucoup de patients pensent être les seuls à vivre avec l’HS, ce qui les empêche de chercher à se faire traiter. Au cours d’une consultation de suivi, les patients signalent souvent qu’ils ont finalement discuté de leur problème avec d’autres membres de leur famille et constaté que d’autres personnes en sont aussi atteintes. Le fait de savoir qu’ils ne sont pas seuls à souffrir du même problème réconforte les patients et abat les obstacles qui les empêchent d’accepter de se faire traiter. Je leur remets aussi un dépliant sur l’HS à rapporter chez eux et qui pourrait les amener à poser d’autres questions au cours des sessions suivantes.
J’aborde brièvement les possibilités de traitement, y compris les antibiotiques topiques et systémiques, les stéroïdes intralésionnels, les produits biologiques et la chirurgie. Les patients doivent savoir que la prise en charge par le médecin améliore le succès de la chirurgie. J’offre aux patients des antibiotiques systémiques au cours de la première consultation et je leur demande de revenir trois mois plus tard pour une réévaluation. Je leur demande aussi de noter les flambées et le nombre de lésions. J’offre à tous les patients une ordonnance permanente pour des stéroïdes intralésionnels en cas de flambées. Mon infirmière les insérera quelque part au cours de la clinique s’ils ont besoin d’une injection d’urgence. Les patients apprécient ce service, ce qui, de nouveau, favorise la confiance. Je leur demande de se soumettre à un bilan biologique après la première visite si leur maladie est au stade modéré à sévère afin que nous puissions nous préparer pour l’étape suivante, soit l’administration d’un produit biologique au besoin.
Je donne des conférences sur l’HS à des OP et à des urgentistes. L’éducation les aide à poser des diagnostics exacts et à produire des références adéquates et opportunes. Je reçois toutes les semaines de nouveaux patients atteints d’HS qui n’ont été référés. J’ai de bons contacts avec des chirurgiens généraux et des chirurgiens plasticiens et je leur précise que je suis disposée à gérer médicalement les patients s’ils peuvent se charger des interventions chirurgicales. Nous nous référons mutuellement des patients. Je demeure aussi en contact avec des gastroentérologues parce qu’il se peut que des patients prennent déjà un produit biologique pour la maladie intestinale inflammatoire et qu’il soit nécessaire d’augmenter leur dose ou de changer de médicament si c’est possible pour traiter adéquatement plus d’une comorbidité.
J’aime bien traiter cette maladie difficile à gérer. J’encourage les autres dermatologues à faire de même. L’espoir donné aux patients atteints d’HS peut non seulement améliorer leur vie, mais accroître la satisfaction qu’un dermatologue tire de son travail.
Examinatrice : Dre Nouf Almuhanna, MD
Rédacteur : Dr Raed Alhusayen, MD MSc FRCPC
Une recension des écrits a révélé ce qui suit au sujet de l’innocuité.
Rifampicine : lésions hépatiques causées par les médicaments.
Rifampicine : néphrite interstitielle
Rifampicine : interaction médicamenteuse et induction de l’enzyme hépatique p450 3A4
Clindamycine : infection à clostridium difficile d’origine communautaire (CA-CDI)
Expérience du traitement de longue durée à la combinaison clindamycine et rifampicine
Lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30281779/
Lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31095972
Link: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30994865/
Link: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30430549/
Link: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30554892/
Link: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30738122
Différence entre l’acné et l’HS :
Link: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30287328
Commentaire : Dr Raed Alhusayen MBBS MSc FRCPC
Les premières lignes directrices nord-américaines sur l’HS ont récemment été publiées. Elles sont le fruit d’une collaboration entre les fondations canadienne et américaine de l’hidradénite suppurée. Les lignes directrices s’adressent en premier lieu aux dermatologues, mais l’information qu’elles contiennent sera utile à tous les fournisseurs de soins de santé qui gèrent des patients atteints d’HS. Le document aborde une vaste gamme de sujets, y compris l’évaluation de la gravité de la maladie, le dépistage des facteurs de risque et des comorbidités, la gestion de la douleur, le soin des plaies, les interventions de rechange, les thérapies médicales et les approches chirurgicales. Il est important de souligner, comme le font remarquer les auteurs, que les recommandations proposées dans les lignes directrices pour la gestion de l’HS ont été formulées en fonction des données probantes disponibles au moment de la rédaction du document et selon l’opinion et l’interprétation des experts qui ont participé à son élaboration. Elles ne visent pas à établir une norme de soins, car chaque patient atteint d’HS est unique en ce qui concerne la présentation, la gravité de la maladie, les comorbidités, les contre-indications et la réponse au traitement.
Voici quelques points saillants des lignes directrices :
Les lignes directrices sont disponibles en deux parties en libre accès et peuvent être consultées sur le site Web du Journal of the American Academy of Dermatology (en anglais) :
1) North American Clinical Management Guidelines for Hidradenitis Suppurativa: A Publication from the United States and Canadian Hidradenitis Suppurativa Foundations. Part I: Diagnosis, Evaluation, and the use of Complementary and Procedural Management.
https://www.jaad.org/article/S0190-9622(19)30367-6/fulltext
2) Part II: Topical, Intralesional, and Systemic Medical Management
https://www.jaad.org/article/S0190-9622(19)30368-8/fulltext
Dr. Ralph George MD FRCSC
De nombreux patients atteints d’HS se sentent nerveux ou même réticents face à la chirurgie. Pourtant, une opération peut parfois être très utile. Il est important de comprendre ce que la chirurgie peut et ne peut pas faire. Pour la plupart des personnes atteintes d’HS, la chirurgie ne peut pas offrir de remède. L’HS est une maladie chronique, tout comme la polyarthrite rhumatoïde, par exemple. Ni l’une ni l’autre de ces deux maladies ne peut être guérie par la chirurgie. Toutefois, de la même façon qu’une chirurgie des articulations peut aider une personne atteinte d’arthrite, une intervention chirurgicale planifiée peut aider un patient atteint d’HS. Il est important que le patient et le chirurgien comprennent les objectifs de la chirurgie et aient tous deux des attentes raisonnables quant au résultat. La chirurgie fonctionne le mieux lorsqu’elle vise une zone problématique particulière, où les lésions reviennent et produisent des tunnels et des écoulements. La chirurgie ne peut pas garantir que l’HS ne reviendra jamais, mais elle peut soulager une région réfractaire à d’autres traitements. La chirurgie fonctionne mieux lorsqu’elle est combinée aux meilleurs soins médicaux continus possible. Il faut suivre un traitement biologique ou antibiotique avant l’intervention chirurgicale et continuer par la suite. Dans le cas d’une opération planifiée, le dermatologue doit faire tous les efforts possibles pour contrôler l’HS au maximum, ce qui donnera à l’intervention la meilleure chance de succès.
N’oubliez pas que la chirurgie fonctionne le mieux dans le contexte de soins médicaux optimaux et continus prodigués par le dermatologue. C’est un travail d’équipe!
Rédigé par le by Dr. Raed Alhusayen MBBS MSc (Clin/Epi) FRCPC
Lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30597518
En décembre 2018, la British Association of Dermatologists (BAD) a publié ses nouvelles lignes directrices sur la gestion de l’HS. Il s’agit d’un instrument important pour les médecins qui s’occupent de patients atteints d’HS.
Lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30552762
Lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29860040
Lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30593710
Lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30043129
Fiers partisans
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